Comment les certifications développement durable ont-elles évolué ces dernières années ?
Elles ont connu une accélération encore plus forte ces trois dernières années, avec à la fois une augmentation des inscriptions sur certains labels (x2 chaque année), et aussi une diversification des types de labels.
Elles sont devenues véritablement incontournables, et ce pour plusieurs raisons.
Aujourd’hui, le secteur immobilier est en train de concrétiser sa prise de conscience sur sa responsabilité face au réchauffement climatique, étant donné qu’il est l’un des principaux contributeurs des émissions de gaz à effet de serre (environ 19%).
C’est d’autant plus urgent lorsque l’on sait que le temps de l’immobilier est un temps long, et que les impacts de nos constructions ne sont pas immédiats.
De plus, l’immobilier est au cœur de la chaîne de responsabilité RSE de nombreux acteurs (industriels, entreprises utilisatrices, collectivités), et sur des sujets très variés (qualité de l’air, santé, utilisation des ressources naturelles, approvisionnement en eau, etc.)
Dans ce contexte-là, les certifications environnementales sont devenues une traduction concrète de la démarche RSE des entreprises, car elles permettent d’agir à de multiples niveaux. Elles s’appuient sur des indicateurs fiables pour mettre en place une action cohérente et, malgré un certain manque de cohérence entre les différents labels, ces certifications permettent de résister à la tentation du « greenwashing » et des actions éparses.
À quels niveaux permettent d’intervenir les certifications ?
Ces niveaux sont bien sûr différents en fonction des spécificités propres à chaque certification. Mais sachant que les certifications sont la plupart du temps compatibles, elles permettent d’intervenir de manière générale d’abord sur des critères environnementaux, comme l’énergie utilisée, le carbone, l’eau, les déchets, la mobilité ou encore la résilience.
Ensuite, sur des critères sociaux. Je pense à la sécurité et la santé, le confort et le bien-être, l’impact territorial, l’accessibilité, les services rendus, l’impact social….
Enfin, la gouvernance est aussi prise en compte, avec des actions sur l’éthique des affaires, l’intégration dans la politique, les achats responsables, la gouvernance interne ou encore les parties prenantes.
Quels sont les défis à venir ?
Les certifications environnementales présentent de nombreux atouts. On l’a vu, ce sont des référentiels éprouvés, fiables, indépendants (généralement validés par des tierces-parties), permettant de traiter avec cohérence de nombreux thèmes, avec une garantie de qualité et la possibilité de comparer les projets selon la note globale ou les thèmes.
Cependant, elles ne sont pas encore parfaites. La note globale peut cacher des impasses sur certains sujets, elle est souvent obtenue à un instant T alors que le suivi dans la durée devrait être un engagement, sans parler de la surenchère technique et/ou administrative, et du déficit de passerelles avec le reporting RSE.
Il y a donc des efforts à faire dans l’harmonisation des labels et la création de passerelles, dans la définition des KPI ou encore dans l’ajout d’obligations de résultats aux obligations de moyens.
Image de une : Bureaux Interface à Paris, certifiés WELL New & Existing Interiors, niveau Gold (© Coutant Delphine © Interface)