Préserver une espèce parapluie comme le taupin violacé ou la loutre d’Europe, ce n’est pas seulement préserver un animal, mais aussi tout un milieu, favorisant une biodiversité fondamentale pour la résilience écologique.
Une espèce parapluie est une espèce « dont le domaine vital est assez large pour que sa protection assure celle des autres espèces appartenant à la même communauté », selon la définition donnée par le professeur émérite d’écologie François Ramade, en 2002. L’étendue de son territoire est clé. Elle lui permet de vivre, de manière complémentaire, avec un nombre très important d’autres animaux et végétaux qui partagent son environnement. Ses exigences d’habitat englobent celles d’autres espèces.
Détruire cet habitat, et donc menacer la survie de l’espèce parapluie, c’est, par un effet domino, menacer la multitude des autres individus qui dépendent de son action.
Rappelez-vous la chaîne alimentaire. Retirez un maillon, et tout l’équilibre peut s’en trouver bouleversé ! Il en va de même avec l’espèce parapluie. C’est pourquoi sa protection est idéale pour les plans de conservation visant plusieurs espèces… Ce n’est pas un terme très utilisé en écologie mais plutôt en gestion de l’environnement, où il est employé pour délimiter la taille d’une zone ou d’un habitat à mettre sous protection.
Le tiers des espèces parapluies est menacé
Parmi les exemples d’espèces parapluies, nous pouvons citer la chouette tachetée, le hérisson, le cachalot, l’ours blanc, la girafe, l’hirondelle, la loutre d’Europe, le cerf noble, le panda géant, le grizzli, le grand tétras, le guillemot marbré, le desman des Pyrénées, le taupin violacé et même nos amis les papillons ! Une espèce sur trois est menacée en raison des activités humaines. Mais les politiques de préservation portent leurs fruits.
DEUX EXEMPLES D’ESPÈCES PARAPLUIES
Il est impossible de trouver une seule espèce dont les besoins couvrent ceux de toutes les espèces vivant dans une communauté diversifiée. Le parapluie le plus robuste et le plus complet est donc constitué d’un ensemble d’espèces ayant des besoins en habitats différents et complémentaires. C’est cette complémentarité et cette diversité qui permettent au système vivant de se montrer résilient face aux perturbations telles que l’activité humaine. Les espèces parapluies nous montrent qu’il est indispensable de dépasser le stade de l’intérêt porté à une espèce unique, d’où la nécessité d’accroître nos connaissances sur les fonctions exercées par les constituants de l’écosystème.
Entre 10 et 100 millions d’espèces à découvrir
Les raisons de protéger la biodiversité sont nombreuses :
- Elle est garante du bon fonctionnement des écosystèmes : chaque espèce est unique et irremplaçable, et sa disparition, irréversible, peut avoir des conséquences importantes et imprévisibles sur d’autres espèces, par un mécanisme d’effet « cascade ». L’extinction d’une espèce pouvant alors fragiliser l’ensemble de l’écosystème.
- Elle possède une importance économique directe : production oxygène, bois, aliments, médicaments, matières premières…
- Elle rend de nombreux services indirects et vitaux, appelés “services écosystémiques ” : pollinisation, production d’oxygène, équilibre climatique, fertilisation des sols, épuration des eaux, prévention des inondation, gestion des crues…
- Elle revêt une valeur esthétique, récréative, spirituelle et culturelle considérable.
- Elle est le gage de l’évolution et de l’adaptabilité de la vie face au changement : climat, maladies…
- Elle est méconnue : si 1,8 million d’espèces ont été décrites dans le monde, il resterait entre 10 et 100 millions d’espèces à découvrir !
- Elle favorise la résilience écologique (cf schéma ci-dessous) en permettant à un système vivant (écosystème, biome, population, biosphère) de retrouver les structures et les fonctions de son état de référence après une perturbation.
Cependant, la fragmentation de l’espace en ville, due à l’urbanisation croissante et associée au dérèglement climatique, la défavorise. D’où l’investissement de G-ON dans l’intégration de ce facteur dans la conception et la construction des immeubles. De nombreux paramètres sont à prendre en compte en respectant les certifications environnementales innovantes dans le but d’aboutir à un compromis entre, d’un côté, le confort des acteurs et usagers dans leur environnement intérieur et, de l’autre, la résilience écologique sur le long terme.
Mona OMAR
Docteure du Muséum National d’Histoire Naturelle, département «Homme et Environnement»
Écologue chez G-ON